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Hail
To The Thief ! s’écrie aujourd’hui Radiohead,
un titre plein de courage d’après leur «
collègue » et grand Fan Moby, car le titre Hail
To The Thief (comprenez Au Voleur !, Crier au voleur, voire
(les aléas de la traduction !) Acclamer le voleur)
fait référence à un slogan utilisé
par des protestataires pour dénoncer l'élection
controversée de George W Bush en 2002. Le hasard a
également voulu que ce titre s’apparente si bien
à l’album puisque les titres d’une copie
volée étaient disponibles sur le net 10 semaines
avant la sortie du disque. Des titres ne se trouvant pas sous
leur version définitive, le mixage n’étant
pas encore terminé à cette époque.
Quoi qu’il en soit Hail To The Thief est bel et bien
l’album de la synthèse pour Radiohead. Depuis
le temps que les médias s’acharnent à
dire que Radiohead revient à un style proche de The
Bends et, après s’être complètement
trompés sur le sujet avec Amnesiac, le hasard a cette
fois-ci voulu tourner en leur faveur.
Sur Hail To The Thief comme au marché aux puces on
trouve de tout, dans le cas présent un détonant
mélange de rock, pop et électro. Radiohead a
apparemment voulu ici rassembler ce qu’ils ont fait
de mieux et se réconcilier avec leurs guitares aussi.
Au résultat de l’éblouissant, du très
bon, du bon, mais aussi du un peu moins bon, sans vouloir
être trop sévère cependant.
C’est par le titre 2+2=5, jadis pressentit comme titre
probable de l’album que le spectacle commence. Cette
chanson est finalement très représentative du
Radiohead 2003 car elle contient les meilleurs ingrédients
des différentes étapes par lesquelles est passé
le groupe. Après une intro sur guitares et samples
part un refrain endiablé, guitare overdrive et niveau
de chant rarement entendu de la part de Thom Yorke.
Sit Down Stand Up commence ensuite sur un rythme électronique
plutôt lent, on revient ici vers le style d’Amnesiac,
avec un final en crescendo sur son de boîte à
rythme.
Le titre suivant, Sail To The Moon, est en quelque sorte
le Pyramid Song de l’album (là on place la barre
très haut). Superbe ballade, guitare et piano, charme
envoûtant, magnifique.
C’est à partir de là que l’album
entre dans son « ventre mou ». Backdrifts fait
écho à Like Spinning Plates présent sur
Amnesiac, mais peut-être avec un peu moins de réussite,
bien que le chant y soit une fois de plus très clair
et présent, le morceau est peut-être juste un
peu trop long.
Go To Sleep est probablement le meilleur exemple du retour
de Radiohead à ses guitares, entre couplet mi acoustique
et refrain où se réveille sérieusement
Jonny Greenwood. Le seul hic est probablement le manque d’originalité
du titre qui, sans déplaire le moins du monde, n’a
pas forcément l’envergure de ce à quoi
Radiohead nous a habitué jusqu’ici.
Après un Where I End AndYou Begin qui aurait tendance
à passer un peu trop inaperçu dans la masse
des titres commence le vampirique We Suck Young Blood (We
Want The Sweat Meats, We Want The Young Blood) où le
groupe n’oublie pas son goût pour le glauque,
dans un titre principalement sur chant/piano, claquements
des mains.
The Gloaming, pour continuer le jeu des comparaisons, est
un titre proche de Pull/Pulk Rveolving Doors (Aïe !),
pas franchement nécessaire mais probablement bien placé
pour faire office d’intermède avant la seconde
partie de l’album, fin des quelques lenteurs ressenties
d’ailleurs : There There, ou la grande classe, long
titre dans la lignée d’un Paranoïd Android,
où Radiohead n’a pas d’égal et remet
tout le monde à sa place. Une chanson qui restera certainement
dans les annales du groupe, avec un final jubilatoire pour
l’auditeur.
La chanson suivante, I Will, n’est pas si loin dans
sa conception d’un titre des années 60/70, voire
même des Beatles, petite ballade qui ne paie pas de
mine.
A Punch Up At A Wedding, plus ou moins l’histoire de
quelqu’un qui vient mettre un mariage en l’air,
est également sans en avoir l’air l’un
des points fort de l’album, avec sa ligne de basse et
un chant plein d’émotion une fois de plus.
Myxomatosis, encore une autre facette du groupe, avec basse
disto, ne laissera peut-être pas en revanche une trace
indélébile. Un peu la même chose pour
Scatterbrain, bon titre, mais on est d’habitude habitués
à un tel niveau de composition de la part de Radiohead
que le moindre ralentissement se remarque bien plus qu’avec
tout autre groupe.
Finalement mon coup de cœur de l’album que je
n’ai que depuis hier, c’est le dernier titre,
A Wolf At The Door, des frissons de bonheurs me traversent
à l’entendre, grâce au chant, une fois
de plus, grâce à ce refrain, entre craintes et
le Petit Chaperon Rouge, et tout simplement, la magie de Radiohead.
A lire mon article, j’ai un moment cru parler d’un
échec, ce qui n’est nullement le cas. Même
avec quelques erreurs (le terme est bien sévère),
Radiohead reste bien au dessus de tout ce que l’on entend
ailleurs, loin, là haut, sur sa planète…
(mercredi 11 juin 2003)
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